La croyait-on à l’abri sous une pellicule de bon sens, qu’on peut voir la France K.O. se diriger à son tour dés maintenant vers des années de chaos car qui que sera celui (ou celle) des candidats qui obtiendra l’investiture des fonctions présidentielles à la sortie des élections de Mai, aura beaucoup de mal à se faire admettre. Élu(e) à l’emporte-pièce, il (ou elle) devra diriger, et prendre des décisions contre l’assentiment des trois-quarts du pays, dans la mesure où l’on peut d’ors et déjà imaginer que le taux d’abstentions sera énorme.
Le sujet de l’ascension fulgurante suivie de la descente aux enfers de celui-qu’on-n’attendait-pas (et qui risque donc de ne jamais arriver), doit exciter les scénaristes. Cela pourrait alimenter une belle mise en scène dramatique car il y a là tous les ingrédients pour une série à rebondissements. Avec des gentils et des méchants, des retournements de situations incroyables, des polémiques, des intrigues, des joies et des déceptions, des montées abruptes dans les sondages et des gouffres d’incompréhension, des choses privées mêlées aux affaires publiques, et tout cela jusqu’au suicide final (…?) L’autoroute qui s’ouvrait à lui, soudain s’est fendu sous l’effet d’un séisme médiatique, et c’est la chute dans le précipice, entraînant avec lui ses amis.
Mais au-delà du drame personnel que représente la mise à terre du « chevalier blanc », en révélant qu’en fait le « Monsieur Propre » immaculé porte un teeshirt noir ou ne se lave pas lui-même en dehors des tournages de sa pub’, c’est tout un système qui se trouve ébranlé. Au départ, les soutiens logistiques sans justificatif pour les parlementaires avaient été inventés pour éviter l’aliénation des politiques à la recherche de financements privés, afin d’éviter la corruption, et pour leur permettre d’agir en se consacrant pleinement/librement à leur activité. C’était louable, on leur allouait une certaine somme, et ainsi «élu » devenait un «vrai » métier.
Mais les petits malins ne l’ont pas vu de cet œil-là. D’un côté, la plupart d’entre eux n’ont pas pour autant cessé les activités professionnelles qu’ils exerçaient en parallèle jusque-là – activités réelles ou fictives, comme l’alibi de ces pseudo-sociétés de communication qu’on a vu fleurir à tous les recoins de la politique pour justifier d’argent « en plus », (au détriment des vraies agences de com.) – et d’autre part, ces gloutons goulus ont insidieusement considéré qu’on leur offrait une prime, un bonus, un généreux cadeau de la République en quelque sorte, en remerciement de leur talent, dont ils pouvaient bien sûr disposer comme ils voulaient. Euh, ça fait des lustres que les citoyens s’offusquent de ces privilèges puants, mais vu que ceux-ci sont auto-attribués par les intéressés eux-mêmes, ni Droite ni Gauche n’envisage de revenir dessus, tu parles !
La semaine dernière donc, FF s’est réveillé en face du spectre vengeur de cette indécence. Certes ce qu’il avait fait n’était pas illégal, mais les gens considéraient que c’était pour le moins « immoral ». Invité à venir s’expliquer, l’intéressé aurait dû immédiatement faire marche arrière. S’il voulait garder un tantinet de crédibilité, il aurait dû reconnaître sa « faute», et faire un geste généreux qui prouve au minimum sa bonne foi. Mais en s’enlisant dans un déni imbécile, il a signé l’effondrement de la banquise bancaire sur laquelle s’étaient réfugiés les ours blancs après les primaires de la Droite.
Avant, on ne l’aurait même pas su, ou si peu, mais aujourd’hui, il a suffit d’un titre qui s’est répandu comme l’huile sur l’eau! J’aimerais bien d’ailleurs connaître celui, ou celle par qui cette information est passée. Celui ou celle qui a dit : « Eh, coco, j’ crois qu’on tient là un scoop, un truc énorme !!! » En une semaine cette personne a fait basculer la France. Foutraque, patraque, c’est le grand portnawak dans nos esprits en vrac, à l’image de la grande confusion du monde – on voit ce que ça donne aux États-Unis ! – L’excès d’informations tue l’information, nos cervelles sont pleines de mots, d’images, de reportages, de formules et de slogans ou d’arguments qui tournent et rebondissent comme les numéros dans la boule du loto. Et toutes les semaines, c’est un nouveau tirage.
Il ne s’agit plus de désigner une quelconque responsabilité de la presse et des médias professionnels, à ce grand maelstrom il faut aussi ajouter les réseaux sociaux, qui apportent certes la liberté de contradiction, tout cela dans un mélange de bonnes intentions «Like » et de lapidations par commentaires « Beurk », mais aussi les tweets pervers de leurs « alternative facts »…
Au résultat, tout cet ensemble explosé fout tellement la pagaille dans nos cervelles troublées que, devenues incapables d’assimiler un trop-plein de tout, celles-ci sont prêtes, par dépit, à accepter même l’éventualité du pire !
® CharlElie – Février 2017