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Confesse Book

181 – Le spectre de l’argent

Qu’on en ait un peu, beaucoup, à la folie ou pas du tout,
Toute sa vie, on court après l’argent.
L’argent est une chimère.
L’argent est partout et pourtant nulle part.
L’argent empeste l’âme, il asphyxie l’humanité, torture la charité et inspire la satire qui raille les philanthropes.
On court après un argent qui se sauve sans cesse, comme une licorne blessée poursuivie par des milliards de bactéries, une horde à l’appétit sauvage, un nuage de sauterelles prêtes à tout pour se goinfrer d’un champ de blé…
L’argent est une plaie biblique, un fléau.
Qui cause des milliards d’embrouilles et de disputes. Pour ceux qui y croient l’argent est une punition divine (…?)

Toute sa vie on court après l’argent.
Et c’est une obsession, aussi prenante et perverse que les choses du sexe.
L’argent est un tourment, une frénésie.
On court vite, ou l’on se traîne, on est champion ou lanterne rouge, on se sent lévrier poursuivant un lapin mécanique, ou baudet tentant d’attraper la carotte, durant toute la vie, on court après l’argent.

Qu’on soit artisan ou industriel, inventeur ou architecte, pour acheter un local ou se payer un matelas, pour monter une entreprise ou construire un pont, pour payer le loyer ou mettre de l’essence dans le moteur du bateau, pour développer un projet ou pour faire que ce mariage reste un moment inoubliable, pour investir dans la biodynamie ou réparer un toit, pour régler un différent ou faire plaisir à un parent, pour payer l’école ou motiver un acteur, pour s’amuser ou pour survivre, pour une opération chirurgicale ou compléter une collection, pour financer une campagne ou défendre un innocent, toute sa vie, qui qu’on soit, on court après l’argent.
Parce que l’argent ne se donne pas.

Et si par malheur, on se trouve dans l’obligation de devoir en demander, alors soudain en un clin d’œil on voit les regards devenir fuyants et les amis disparaître.

Et si même l’on veut en acheter (on appelle ça « emprunter ») ceux dont c’est pourtant le métier de vous le vendre (on appelle ça « prêter »), ceux qui l’échangent en prenant leur commission au passage, vous demandent bien plus que de vous mettre à poil: ils visitent vos familles, soulèvent les tapis, reniflent votre passé et analysent vos viscères pour y détecter la moindre trace d’insolvabilité.

Et si par chance ceux qui en ont tant de tonnes, acceptent généreusement d’en lâcher une miette, alors en échange, ils exigent au minimum une génuflexion.

L’argent est souvent la lumière qui vous plonge dans l’ombre de la honte.

Quant aux radins débiles, égoïstes-délire, ils sont juste aussi niais que les écureuils compulsifs, qui ont tant peur de manquer qu’ils accumulent bien plus de noisettes que leur besoin, (jusqu’à ce que l’ État ne récupère l’héritage, ou que la date de péremption ne rende le produit impropre à la consommation).

L’argent est une maladie.

Aujourd’hui on me dit que les marchés financiers remontent, comme pour justifier l’intronisation demain de celui que je n’arrive même plus à nommer tellement son nom est en lui-même le symbole vicié de ce qu’il est, autant que le déni des valeurs que l’on m’a enseignées.
Ce diable méchant, ce Vilain, incarne TOUT ce que je déteste.

Et puis quoi? Jamais les marchés n’ont été pour moi des directeurs de conscience.
Bourse de Wall Street est une maison d’aliénés enfermés entre les quatre murs de l’immoralité.
Ce n’est pas parce qu’ils possèdent plus qu’ils ont des leçons à donner, d’ailleurs ces gens ne donnent rien.
C’est pas nouveau, on le sait, nous ne vivons pas sur la même planète, les gens d’argent et les gens de l’Art n’ont pas le même idéal.
Pour moi l’argent est un moyen, et non une fin en soi.

Qu’il soit €uro, $ollar, rouble, lire, shekel, yen ou peso,
Combien ont perdu la raison pour en gagner plus ?
Plus, un peu plus, encore plus.

Combien de crimes ont été commis en son nom ?

L’argent est un horrible spectre
Comme celui qui va s’abattre sur l’Amérique.

® CharlElie Couture – Jan 2017