Pendant ces huit dernières années, nous, vivant sur le territoire US, avons été heureux chaque fois de passer la frontière dans un sens ou dans l’autre.
Même si parfois on n’était pas d’accord avec les décisions prises au plus haut sommet de l’État, néanmoins on était fiers d’être ce que nous sommes, marins démocrates embarqués sur le bateau. Barack Obama en était le capitaine et Michelle Obama fendait l’écume telle une figure de proue, qui savait se montrer avec tact et diligence, fermeté et humour aussi, pour défendre ses idées sociales et prouver son engagement aux idées liées aux intérêts communs (contre l’obésité / le sucre / la malbouffe, pour le respect des femmes et l’équité au travail, pour une éducation ouverte à toutes les couches sociales ou même concernant les questions d’hygiène et de santé).
Elle était l’image digne d’une Amérique responsable.
À la fois discrète et pourtant présente, cette femme formidable a donné le véritable sens à sa fonction-titre de « première dame ».
Dans les derniers mois, osant se placer en devant de scène, elle adopta même une position de leader quand elle tenta en fin de campagne de peser de toute son influence pour défendre Hillary Clinton. On découvrit alors l’envergure de son spectre de vue à travers quelques discours dont la teneur et l’emphase étaient égales aux prises de paroles et allocutions de son mari-président lors de ses propres campagnes huit ans plus tôt.
L’hommage que lui a rendu celui-ci hier, simple, humain et profond, est un merveilleux vibrant exemple d’une Union-qui-fait-la-force.
Je le répète, quelles que furent nos dissidences, (on ne peut jamais être toujours à 100% d’accord avec les décisions prises par ceux qui détiennent au Pouvoir des informations que nous ignorons), la classe moyenne démocrate dont nous faisons partie, se sentait malgré tout entendue par ceux qui n’ont jamais manqué d’empathie et dont le bilan politique et économique prouve combien la direction choisie s’était avérée efficace.
Mais on le sait Caen a tué Abel, cette Amérique là vient d’être chassée par les marchands qui ont repris le Temple, comme le ressac suit le sac, comme l’effet de réaction est inversement proportionnel à celui de l’action, comme une force peut-être annulée par son contraire négatif, pour un temps du moins, nous devrons faire le deuil de cette générosité.
Aussi avant que ce ciel couvert de noirceur, n’assombrisse nos consciences, je me permets d’écrire ici toute la tristesse qui m’habite aujourd’hui. En les voyant quitter cet endroit du Pouvoir où je m’étais habitué depuis huit ans à les voir agir et entendre les échos de leur attitude bienveillante, j’exprime ici le manque que je ressens déjà, triste de voir partir les membres de cette famille, et particulièrement les deux parents de ce couple exemplaire.
® CharlElie Couture – Jan 2017