On me demande si je ne pourrais pas « écrire un « truc » sur George Michael» ? Pffff… Bien sûr comme tout le monde, je peux faire: « RIP GM » ou : « J’aime G.M ». Et voilà tac c’est posté… Mais pourquoi donc me demander ça à moi ?
Écoute, si triste qu’il soit pour ses proches et ses fans, dont tu fais sûrement partie, je t’avoue qu’en ce qui me concerne le décès de George Michael me laisse un peu neutre. Et même, je m’étonne de voir sa disparition associée à celle de géants comme Bowie, Prince ou Léonard Cohen. Les médias sociaux s’emballent et zyva des condoléances bidons et des éloges à la mort-moi-le nœud (aïe), la lucidité pourrait-elle reprendre le dessus ?
Dés ses débuts, plutôt que sa musique, les maisons de disque ont choisi de mettre en avant George en personne, sa belle gueule et son allure bogoss, son visage mâle aux traits réguliers en gros-plan ; photos prises par des as de mode, et ses regards ténébreux sur des images hyper nettes retouchées au poil près sur Photoshop pour être publiées dans toute leur perfection par des magazines fashion en papier glacé. Mais du coup ce qui me reste de lui, c’est d’abord le souvenir de son système capillaire et de sa barbe impeccablement taillée par les mains expertes de barbiers trendies équipés de rasoirs affûtés au laser. Mais, si élégant qu’il fût, même si l’on s’en tient à la séduction d’apparence, on est très loin des polémiques provocatrices qu’a suscitées David Bowie ou des prouesses musicales de Prince. Quant à comparer l’influence des écrits de George avec ceux de Léonard Cohen, je veux bien mais, même si on me dit qu’il a écrit des chansons « sociales » au début de Wham, même si je me souviens qu’il s’est mouillé pour la paix contre Bush, je n’irai pourtant pas jusqu’à le citer comme un militant engagé dans un violent combat pour la paix… Euh, peut-être que j’ai tord, mais les preuves ne sont pas venues jusqu’à moi.
C’est vrai que le groupe Wham dont il était le chanteur peroxydé, animait les charts au début des années 80. S’il m’arrivait alors de chercher l’âme sœur en suant sur le dancefloor, je ne portais pourtant pas vraiment d’attention à la qualité des musiques qui mettaient mon corps en branle. Talk Talk, Kajagoogoo, Frankie goes to Hollywood, Pet Shop Boys, Bronski Beat, Spandau Ballet, Art of Noise, Fine Young Cannibals…ou Wham, je les confondais tous. Et quand les membres se sont séparés, alors seulement George est devenu un vrai chanteur, un gent’ beau, avec des beaux costards et des beaux clips propres, fabriqués espécialement pour plaire aux beaux BOBOs et traders smarts avec lesquels je n’ai jamais eu que peu de points communs.
À la fin des années 90, donc George a fait son coming out, devenant du même coup une icône gay. Le fait qu’il assume ce qu’il était, l’a rendu plutôt sympathique, mais en même temps ça n’a pas changé sa musique, qui est restée engluée dans un sirop de crooner condensé, (qu’on peut danser…), sans grande ambition d’innover. Quand, au détour d’un programme, je le voyais apparaître à l’écran, c’était pour moi le moment de me lever pour aller faire autre chose, tout en laissant ce fond sonore distraire l’ambiance, comme une musique d‘atterrissage, d’ascenseur, de grands hôtels ou de supermarché.
Oui, la mort de George Michael en cette fin d’année allonge encore la liste des célébrités disparues en 2016, mais même si ses chansons en ont fait vibrer plus d’une (et plus d’un), et même si je comprends leur peine (il n’y a pas de classement pour la tristesse), force est pourtant de reconnaître que sa musique électro-synth-pop-post new wave-funk a depuis été remplacée par nombres d’autres à peu près semblables, et toutes aussi efficaces.
Alors, après tout ce qu’il a vécu (…), laissons George se reposer désormais, et comme il le disait lui-même: « Don’t let the sun go down on me »,
Tu as raison, Djo, Ne laissons pas le soleil se coucher sur toi,
Et gardons la « Faith »,
Comme tu dis.
® CharlElie – Déc. 2017