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Confesse Book

175 – Chose « fête »

Pour nous, c’est chose « fête », les convives sont repartis prendre un avion transatlantique, ou un train TGV pour rejoindre l’autre bout de la France, ou un ailleurs dans Paris… On a lavé les assiettes et rangé les plats. Le frigo est rempli de restes succulents qu’on va mettre des jours à finir : foie gras maison, saumon sauvage et crème à l’aneth, dinde rôtie à la farce de marron, purée de patates douces, cannelle, cumin, noix coco et raisins secs, salade aux noix, vacherin et fromages de brebis variés, charlotte aux fruits rouges et mousse vanille et cacao, Duchesses de Lorraine ou dattes à la pâte d’amande… La grande table a été remise en place, une autre servant d’extension a rejoint son placard. Les bougies sont éteintes (pas toutes, ce soir on en allumera une autre). Les papiers de bonbon et ceux des cadeaux froissés à la poubelle. L’aspirateur s’est gavé : l’estomac plein de miettes, d’épines de sapin, de paillettes et des petites étoiles en plastique qui décoraient le plateau.
Un jour avant tout le monde, le calme est déjà revenu chez nous, et nos cœurs sont remplis d’amour.
Oui, on a choisi de faire ce repas un jour avant la date convenue du 24 décembre qui correspond au solstice d’hiver, cette fête de NO-EL (NO signifiant « nouveau », EL signifiant « soleil ») cette fête païenne que les peuples de la méditerranée célébraient déjà bien avant qu’elle ne se trouve coïncider avec celle de la naissance de l’Essénien Jésus de Nazareth…
De plus, le calendrier lunaire imposait exceptionnellement que la fête de Hanoukka tombe à la même date, alors on a décidé de faire quelque chose pour célébrer la lumière à notre manière, en famille, coûte que coût (ure)…

Nous ne sommes pas une grande tribu, les membres du clan ne sont pas si nombreux, pourtant cela faisait plus de dix ans qu’on ne s’était pas retrouvés ensemble en France. Mais les familles (re)composées, doivent toutes répondre au même dilemme : chez qui passer cette soirée symbolique du 24 Décembre? Avec qui partager ce repas qui donne l’occasion de remettre certains compteurs à zéro autour d’une table avec la même « bonne intention », celle de se nourrir non par réelle nécessité, mais d’abord pour le plaisir.
Alors cette année on a choisi de ne pas choisir… Et pour ne frustrer personne, nous avons donc anticipé la date d’un jour, ce qui autorisait ceux de nos enfants qui le souhaitaient à participer à la nuit « officielle » en compagnie d’autres. Une chance au grattage et une autre au tirage.
Comme certains arrivaient de loin, pour éviter un trop-plein de cadeaux, on avait instauré une règle : chacun devait arriver avec un, et un seul cadeau déposé anonymement au pied du sapin et potentiellement valable pour tous.
À la fin du repas, chacun a tiré dans un chapeau un numéro. En fonction de ce numéro on a choisi un paquet. Après que le numéro fut remis dans le chapeau, on a déballé publiquement ledit cadeau : un foulard, un jeu, un livre, un casse-tête, un casque son ou un projecteur… Dans un deuxième temps, chacun ayant vu ce que l’autre avait déballé, nous avons tiré à nouveau un numéro dans le chapeau. En fonction de ce celui-ci, chacun son tour avait droit, s’il le souhaitait, d’échanger une fois (et une seule) l’objet tiré au hasard, avec celui d’un autre (qui lui, ne pouvait pas refuser)…
J’ai d’abord tiré le dernier numéro, et il m’a fallu me satisfaire du dernier paquet resté sous le sapin. C’était un jeu de golf « indoor », pas exactement mon truc. Ayant ensuite tiré le n°1 qui faisait de moi le 1er à pouvoir échanger au moment de la « Bourse des échanges », j’ai troqué ce jeu contre une écharpe, mais comme un autre convoitait cette écharpe, je me suis retrouvé avec un chandelier, et comme un autre voulait ce chandelier, il m’a donné à la place le mug isotherme dont il n’imaginait pas l’usage… Et tout ça dans la bonne humeur.
Un dernier café, un dernier verre de champagne, une dernière photo de famille, et chacun est reparti préparer la soirée sérieuse, la vraie, celle qui depuis la nuit des temps, a inspiré des chansons candides et pleines d’espoir, des couplets « mellow » qui parlent de neige, de prières, d’amour et de paix…
Je vous souhaite que cette soirée soit telle, aussi joyeuse qu’elle fut pour nous, en ce 24 Décembre.

® CharlElie – Paris 20XVI