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Confesse Book

156 – 5/A very long journey

A very long journey (suite 5)

C’est la nuit. On roule sur LA route. Il n’y en a pas bezef d’autres. L’île Grand Terre s’étire en longueur sur 450 kms. Il paraît que nous traversons des frontières, celles-ci bien qu’invisibles n’en sont pas moins très réelles. Elles délimitent des territoires régis par des chefs dont il est nécessaire d’avoir l’accord pour entreprendre quoi que ce soit.
C’est la nuit, on ne voit rien du « magnifique » décor qui nous entoure, mais que Jean Marc me décrit. Jean Marc alias « guru » me dit que nous sommes sur la route ouest, côté caldoche, une zone d’éleveurs. Après 40 minutes, on sort de la route. Maintenant on est sur une piste de terre. Une harde de biches et de chevreuils traverse soudain la route. Et puis un petit cochon noir apparaît dans les phares. Il paraît que la mer est là bas, de l’autre côté de la mangrove.
-Vous la verrez demain.
Ouvrir une énième barrière et nous arrivons chez « Jackie et Michel ». Sans blague, ce sont les prénoms des parents de Jean Marc. Ces deux retraités en voyage, (pas en tournage) ont la gentillesse de nous prêter leur domicile.
-Il faisait quoi ton père ?
– Vétérinaire, comme mon grand père.
– Hein ? Je suis tombé sur un nid…
Christian chez qui je dormais à Nouméa m’a dit que son père et son grand-père aussi étaient vétérinaires… J’en ai rencontré quelques-uns, mais là, d’un coup, quatre vétos apparaissent dans mon champ de connaissances.
– dis con, votre asso est un club très sélectif: faut être fils de vétérinaire pour y rentrer ?

Un dernier verrou qui saute et j’ouvre ma valise imprégnée de l’odeur kérosène des avions.
Une heure. Les musiciens arrivent souriants, sans un manager-qui-fait-la-gueule. Karim Attoumane (guitar), Martin Mayer (drums), Pierre Sangra (banjo et violon, et Jacques Gavard, (bass) et aussi Fifi Guichard (ingé son façade) tous un peu flapis mais heureux d’être là dans cette nuit océanienne. Je suis content de les retrouver. Ils ont juste attendu quelque temps à l’aéroport en attendant la sortie du dernier qui n’en finissait pas.
– C’était qui ?
– Jacques…
En fait « Jacques a dit » qu’il avait des graines en remplissant la fiche d’importation de denrées illicites. Alors normal, les douaniers l’ont arrêté. Mais quand ils ont compris qu’il s’agissait juste d’un paquet de cacahouètes et de noix de cajou, ils l’ont relâché. Son honnêteté leur a juste fait perdre une demi-heure.

J’’entends le coq chanter, en faisant la « grâce » matinée. Je veux dire qu’il est 6 heures du matin quand je me lève.

Vers 9 heures, on lève le camp pour aller en bateau sur un ilot protégé dans un lagon ceint par la barrière de corail. Comme disait Bachelet : « Au Nooord étaient les coraux » 😉
– L’océan est derrière les vagues d’écume que vous voyez là-bas nous explique le pilote du bateau. Ici il y a 20 mètres de fond mais ça descend vite, juste là c’est une falaise, il y a plus de 1000 mètres. Je vais chercher les masques, on s’arrêtera sur la plage si vous voulez…
On accoste. Et là, j’entends plouf !
-Oh non !
Pas de peau. En sautant du bateau, mon téléphone est tombé à l’eau. Mince. J’ai beau le repêcher immédiatement, il ne se rallume pas. Merde. Je m’adresse aux dieux pour obtenir leur assistance, mais ceux-ci sont sur d’autres chantiers, ils n’écoutent pas mes prières, en fait ce serait plus sûr de m’adresser à un vrai réparateur, un mec compétent. Mais sur cet ilot, c’est pas évident. Et meeerde.
J’enfile quand même un masque. Nageant à fleur d’eau, le tuba dans la bouche, j’ai l’impression d’avoir plongé dans un aquarium. Y a pas un des dauphins qui parfois viennent là, mais une tortue et des poissons merveilleux qui donnent l’idée de ce que fut jadis la beauté du paradis.
De retour sur le bateau, j’ai le sentiment d’être un nourrisson nombrilisé, coupé du monde sans son cordon…
– T’inquiète pas, on va s’en occuper, me promet Guru Jean Marc en voyant ma mine défaite..

CharlElie
29 Sept 20XVI