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Confesse Book

155 – 4/A very long journey

A very long journey (4)

4 heures du mat’,  j’ai des frissons, je claque des dents mais je baisse le son, seul sur le lit dans mes draps blancs froissés… Impossible de me rendormir, je suis dans l’ tunnel du jet’lag. Je compte le fameux  « 478 », mais aujourd’hui, ça ne marche pas. Finalement j’abandonne, je cesse de lutter, j’accepte l’idée de voir le jour se lever au dessus de l’horizon Pacifique. Le vent d’Ouest a fait semblant de se calmer. C’est juste magnifique. La vue au bout du loin là bas, quelques nuages pour donner du relief. On se croirait en trois D dans l’idéalisation d’un décor de jeu vidéo.

J’écris, je réponds à quelques mails. C’est surréaliste là, au milieu de l’océan, être à la fois si loin, et pourtant si proches les uns des autres !

Vers 6 heures et demi, je croise Christian dans un couloir. Parfois ça arrive, on rencontre des inconnus qu’on croit déjà connaître. Même âge, même style, Christian ressemble physiquement à l’un de mes amis. Outre le fait que je porte ses habits, – enfin je veux dire ceux qu’il m’a prêtés – Christian et moi, on a pas mal de points communs. On a écouté les mêmes disques et partagé certaines expériences durant les cinquante dernières années… Son téléphone sonne sans cesse. Comme toujours : mille trucs de rien qui se mélangent avec des emmerdes nécessitant des solutions dans l’urgence. Mais je sens bien que ça le change des activités professionnelles qui occupent le reste de son année.

Sur la voiture une pellicule de poussière rouge, celle du minerais de nickel que transporte l’air.

On passe au cabinet dans lequel Christian officie avec trois autres collègues ORL. Il s’est mis en congé, le temps du Festival dont il est le président. Je me prête sans résistance au « rite coutumier » des selfies avec les secrétaires qui, en échange, m’offrent deux « bonbons coco » délicieux.

On retrouve sur une plage une expat’ Belge tonique qui fait aussi partie de l’association. A la fois cigale et fourmi, comme beaucoup de gens sur cette île qui occupent leur temps libre en faisant de la  musique, en plus de son boulot de formatrice professionnelle, elle chante aussi.

On mange un morceau sous un soleil venteux,  et j’observe un kite surfer se préparer à l’envol sur sa planche. Ça lui prend une bonne demi-heure pour gonfler la voile, serrer son harnais et attacher les drisses. Et après s’être avancé dans le lagon,  fuiiitt… d’un seul coup, extraterrestre, il s’élève dans le ciel et disparaît en un rien de temps.

De retour à l’appart’, en écoutant les disques que Christian me fait découvrir, on attend la voiture qui doit m’amener en brousse, là où nous serons hébergés dans les jours qui viennent. (La « brousse » étant tout ce qui n’est pas la ville de Nouméa).

On s’arrête en passant devant l’aéroport, histoire de voir si par hasard ma valise serait là. Mais non. Faut pas rêver. La fille du comptoir d’AIRCALIN, nous dit que ma valise n’était pas dans celui de ce matin, mais le prochain avion venant de Sydney, arrivera dans une heure. La fille nous conseille de rester dans le coin. Ok, pigé. On va attendre, d’autant que les Brexit du groupe « Telegrams » arrivent de Londres via Sydney. C’est le même avion que celui supposé rapporter le contenant de mes affaires autrement dit « ma valoche », donc.

Un autre avion vient de Brisbane, parmi les passagers, un type avec un ruban tricolore et une grosse médaille autour du cou. Pendant que celui que j’imagine être son entraîneur passe un coup de fil, je m’approche. C’est le champion de France de MuayThaï Jérémy Poircuitte qui vient de remporter un tournoi sur le ring de Pattaya. Serrage de main, et selfie.

Arrivé du vol de Sydney.

Suspens.

Les musiciens Anglais passent le sas, fatigués mais souriant comme des musiciens, tandis que leur manager fait la gueule. Bon, c’est vrai que le van qui devait les transporter vers le lieu où se trouvent leurs lits, est resté bloqué dans les embouteillages.

Les autres passagers se sont égayés dans la nature, il n’y a plus personne dans l’aéroport. Le manager a un masque de pierre en guise de visage.

Finalement le van arrive, ils s’en vont.

Toujours pas de news de ma valiiiiiz.  On chope un jeune type en uniforme qui promet de se renseigner.

– Ne vous inquiétez pas c’est la procédure. Si elle est là, ils doivent attendre qu’il n’y ait plus personne pour passer la douane.

Suspens.

La porte s’ouvre. Celui qui me la donne enfin sait se faire aimer.

Sur la poignée est attaché un sticker, sur lequel on peut lire : « expedite baggage RUSH »…

Parti samedi, on est mercredi soir disons que le sens du mot « se précipiter » n’est pas le même partout …

Prendre la route vers le Nord, plus précisément vers Bouraké. Dans quelques heures les musiciens doivent arriver de France…

 

® CharlElie 20XVI