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Confesse Book

150 – Suicide

Quand Alan Vega dit qu’il ne cherchait pas à « faire des jolies mélodies » ou à « être un entertainer,  »

Quand il dit « qu’avant tout c’était une question d’attitude »,

Quand il dit qu’il « faisait ça pour l’ART, »

Oui, ça je le comprends et je m’y reconnais.

Même si j’en avais pas l’attirail et l’apparence, j’écrivais des chansons parce que j’avais des humeurs à partager, mais c’était comme utiliser un autre média.pour exprimer ce que je ressentais. Je ne suis pas monté sur scène pour devenir un « chanteur » et faire des vocalises. Pour moi un chanteur était un homme offert à son public, un costume cintré qui faisait le beau, plus généralement quelqu’un qui cherche à séduire, le plus grand nombre possible. Sauf exception, un chanteur c »était un oiseau qui soignait son ramage et son plumage. Quelqu’un qui se voulait léger parce qu’il marchait sur les œufs.

Un chanteur a toujours peur de déplaire.

En 76/77, j’étais étudiant aux Beaux Art quand j’ai vu SUICIDE, en concert près de Nancy, à la salle « Rencontres ». A cette époque, le rock ce n’était pas pour nous une question de costume en cuir ou de cocaïne dans les chiottes. C’était avant tout une question d’attitude. Sincérité extrême. On appelait ça « être punk », et c’était bien plus que dire fuck the queen », plus qu’avoir des épingles à nourrisse dans le nez ».

Être Punk c’était oser mettre la société en face de ses paradoxes en lui faisant savoir qu’on n’attendait rien d’elle.

C’est comme ça que je m’y suis donné. Sans manière ni faux-semblant.

Mais bon, le message de la sincérité n’est pas simple à faire passer. Rares furent les journalistes qui ont accepté qu’on ne joue pas le jeu, Leur jeu. Moi je jouais, mais à ma manière, mu par d’autres ambitions, à l’échelle d’une vie.

Alors tant que j’ai été chapeauté par Chris Blackwell, ça allait, mais après… ça a été plus difficile.

Comme l’évoque Alan Vega et Martin Rev,, les gens n’aiment pas qu’on soit un wagon en dehors des rails, ou qu’on traverse en dehors des clous. ou qu’on marche loin des sentiers battus Et quand on assume sa liberté, cela génère des jalousies voire de la haine et de la violence.

Anyway.

J’ai rencontré Alan Vega à New York, en 1981 pendant l’enregistrement de « Poèmes Rock », je me souviens qu’ il était assez énervé, il devait traverser une de ces périodes de manque qui font que toutes les minutes sont dures à vivre.

Ce petit film d’un quart d’heure est un excellent flash back sur ce que fut cette époque en mutation.

Car avec ses effets, et ses boucles répétitives, ses musiques minimales et ses rythmes programmés, ce duo « Suicide » fut certainement un des précurseurs qui ouvrit la voie à la musique electro-techno-logique. Oui cette musique n’existait pas encore et ils ont contribué à la faire apparaître.

Leur Rock sans guitare fut à la genèse de nombreux artistes de la New Wave, des gens comme Sisters of Mercy, Soft Cell, Peaches, Dive, Sigue Sigue Sputnik, Stereolab, mais aussi en France des gens aussi divers que Christophe, les Rita Mitsouko, voire même aujourd’hui pourquoi pas Stromae…

 

® CharlElie. – NYC 20XVI