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Confesse Book

20 – Calvet

Je serai ce soir au vernissage de l’exposition de mon ami J.M. Clavet qui présente ses nouvelles toiles chez  Monkdogz Urban Art  261/271 sur Eleventh avenue. NYC

Originaire du sud de la France, ancien légionnaire et baroudeur, Jean Marc  a défié les extrêmes avant de se refaire une nouvelle conscience au Nicaragua où il habite depuis une dizaine d’années.

Caché sous les palmes dans l’odeur humide des villes de l’équateur, dans une ville à l’écart de Managua, il habite loin certes, mais il est aussi revenu de loin… de très loin.

D’abord en errance pendant son enfance, puis légionnaire, puis flic municipal, puis vigile et garde du corps, il a fréquenté autant les milieux interlopes des nuits chaudes de la French riviera que celles de la dope armée à Miami.

Son parcours d’existence commence là où celle d’autres a fini… Certains peintres passent par des études pour se découvrir, d’autres autodidactes  répondent à un appel, un « cri qui vient de l’intérieur », comme dirait Edouard Munch.

C’est grâce à la peinture que Calvet a trouvé une forme de rédemption. Un jour les démons qui l’habitaient sont sortis de ses mains. Les peurs qui le hantaient ont pris la forme de gnomes, d’enfants, de lutins, de griffons et des centaines de personnages imbriqués les uns dans les autres. Une accumulation automatique, des graffs instinctifs. Ca me fait un peu penser aux mélanges inconscients de certains dessins d’Alechinsky, ou de Bruno Richard & Pascal Doury art-graphistes géniaux de ce que furent les parutions « Elles sont de sortie ». Il y a aussi quelque chose des formes enchevêtrées de l’hourloupe de Jean Dubuffet, des « dessinations » de Robert Combas, voire même de certaines profusions de Keith Haring, Attention ! Calvet ne se compare pas à eux, il n’oserait pas. Lui, il ne pense pas ses tableaux avant de les faire, il les fait. Et quand un tableau est fini, il passe à un autre. Je crois même que c’est un hyperactif qui veut dompter le temps.

Etre un artiste, être un créateur, c’est avant tout« faire ». « Agir d’une manière ou d’une autre pour transformer l’invisible en visible. » Charge ensuite aux intellectuels, aux universitaires philosophes, aux sociologues esthètes, aux galeristes intelligents et aux critiques vendant leurs analyses, de se laisser aller à raconter et traduire au mieux avec des mots, les pensées et sentiments que l’œuvre leur inspire.

Si les poètes sont ceux qui utilisent les mots plus vite qu’ils ne les pensent, les artistes sont ceux qui expriment en images ce qui est comprimé en eux avant que la raison ne mette de l’ordre dans tout ce fatras d’émotions.

La peinture de Calvet est un chahut, un désordre plane, une écriture automatique, mais dans ce chaos apparent, on devine l’âme d’un homme généreux qui a dû mille et une fois réapprendre à vivre,

Après que mille fois il soit mort.

 

® CharlElie – New York 20XIII