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Confesse Book

144 – Amateurs

Avant le numérique, la photographie était un métier mystérieux sérieux, qui nécessitait de s’y connaître « même » en chimie ! Une photo était une énigme. Elle valait au moins le prix d’une énigme. Aujourd’hui les progrès de la technologie et les outils digitaux corrigent automatiquement les erreurs d’exposition ou de cadrage. Alors ça fait naître des illusions… d’autant que tout le monde utilise les mêmes médias sociaux.

Pour la musique pareil, plus besoin de posséder les grosses machines onéreuses qui meublaient les grands studios, aujourd’hui tout le monde peut faire un bon son compressé dans sa chambre.

La musique ne vaut plus rien. A peine considère t-on que l’ensemble de toutes les musiques du monde vaut une dizaine d’Euros, prix d’un abonnement mensuel à une plateforme de streaming.

Les disques n’existent plus. Même certains de ceux à qui l’on a offert mon dernier « LAFAYETTE », ne l’ont pas écouté, l’excuse invoquée étant qu’ils n’ont plus de CDPlayer. Je propose que les « maisons de disques » changent d’appellation,peut-être devraient elles devenirs des « Plateformes de Développement et Diffusion Musicales ». Je ne sais pas; Plus personne ne connaît la réponse.

Visuel et musique, même question : comment faire admettre qu’on est un professionnel de l’image et du son, quand chacun se sent capable de faire une belle photo ou de programmer un morceau de musique même sans avoir pris un cours ou lu la notice. (La question se pose aussi pour d’autres professions comme celles de l’information qui, depuis que celle-ci est offert, ne permet plus de financer des enquêtes approfondies, mais incite les rédactions à miser sur une surenchère de titres provocateurs chapeautant des articles aux contenus populistes).

Nous vivons désormais à l’ère des grands amateurs. Exigeants, ils connaissent l’histoire, la théorie, et surtout la technique de telle ou telle activité qu’ils pratiquent pendant leurs loisirs, mais leurs motivations n’ont que peu de points communs avec les préoccupations des professionnels. Se retrouvant dans l’impossibilité de dégager un profit de leur talent ou de leur savoir-faire, les musiciens et photographes se résignent donc de façon pragmatique à exercer une autre profession plus lucrative. Si celle-ci les barbe, cependant elle les nourrit, alors ils ont beau s’en plaindre qu’ils n’en changeraient pour rien au monde !

C’est le paradoxe d’une société schizophrène qui fabrique des employés/salariés n’ayant d’autre choix que de se tenir à un boulot qui les ennuie grave, tandis qu’ils s’identifient à telle ou telle passion qui ne leur permet pas de survivre.

Alors au soleil couchant de leur existence, ces frustrés qui n’ont jamais pu vivre de leur passion, idéalisent la retraite, l’attendant avec impatience, comme « l’ENFIN !», ce moment de vie parfait qui leur permettra de se réaliser sans qu’ils aient pour autant à se préoccuper de savoir si c’est ou non rentable… Bon, mais pour les jeunes créateurs, c’est une autre histoire !!!

En attendant,

comme tant d’autres photographes, je montre ma musique sur Youtube et je me poste, gratos,

sur Instagram…

® CharlElie – Août 20XVI