Indépendants pendus. Quand je regarde le reportage ci-dessous, je comprends la colère qui gronde, celle des travailleurs indépendants, ces gens qui ne demandent rien à personne, mais qui travaillent. Ils se débrouillent pour monter une petite entreprise et ils travaillent. Ils s’en sortent comme ils peuvent, chacun à son échelle. Vaille que vaille, ils trouvent des clients, ils ont du mal à se faire payer, mais, bon, ils travaillent, et c’est ça leur honneur. Pour eux le mot « travail » signifie quelque chose. Et ils passent de longues journées au boulot pour faire fonctionner leur petite entreprise. Car en plus du travail lui-même, sans pour autant être des spécialistes de chacun de ces domaines, les indés doivent s’occuper des contrats, des clauses légales, de la compta, et aussi du développement marketing de leur entreprise. Les horaires de travail, on n’en parle pas ! Rien à voir avec les 35 heures des employés / ouvriers. Les indépendants facturent un forfait et pas un tarif horaire. Un travailleur indépendant n’est pas payé quand il ne travaille pas, alors les vacances ? C’est quand il veut !
En France, il y a plus d’1 million d’auto-entrepreneurs. Agriculture, commerce, artisanat, professions libérales, il y en a aussi pas mal dans les domaines de l’informatique, la com., l’infographie, le conseil, la traduction, la formation, les attachés de presse ou relations publiques et aussi les nouveaux métiers de santé. Bref, ça concerne un max d’hommes et de femmes qui ont choisi de travailler pour eux-mêmes et leur famille.
Un travailleur indépendant est aussi souvent son propre employé (sans être pour autant salarié). Certes ils ont l’esprit libre et chacun se veut responsable de ses propres décisions (sachant qu’ils doivent savoir aussi s’adapter aux exigences et caprices de la clientèle). On devrait encourager ces gens qui assument ce qu’ils sont, mais pas vraiment…
Bien que souvent propriétaire de ses moyens de production la majeure partie d’entre eux n’est pas riche.
D’ailleurs, comment pourraient-ils jamais le devenir vu qu’ils doivent cotiser pour l’ensemble des cotisations, à la fois celles d’employeur et celles d’employé ? Caisse d’assurance-maladie et de retraite cela porte généralement le total des prélèvements sociaux obligatoires à 53 % des revenus d’exploitation.
Comme leur nom l’indique, ils ne veulent pas être « dépendants ». Cependant ils doivent obligatoirement cotiser à ce régime social qui gère leur protection sociale : retraite, prévoyance et remboursement des frais de santé.
En cas d’accident du travail, d’arrêt maladie ou de maladie professionnelle, comment faire valoir ses droits résultant de ses cotisations versées au RSI ?
Et surtout comment se faire comprendre quand on se retrouve face aux parois en verres des administrations qui se protègent derrière des armées d’employés indifférents
Comment faire valoir ses arguments quand on est un travailleur indépendant, plein d’envie, d’énergie face à des employés amorphes, avachis derrière des hygiaphones n’attendant que la pose pour aller tirer trois tafs sur leur vaporette?
Quand on voudrait foncer pour se développer, quand on accepte de prendre des risques et de travailler nuit et jour, comment se faire comprendre par d’autres compatriotes qui ont eux, choisi de travailler dans ces grandes entreprises justement pour des raisons de confort et de tranquillité garantis ?
Comment infléchir les décisions arbitraires de technocrates aussi insensibles que des tueurs en série ?
Comment trouver les mots pour convaincre les vilains énarques qui ont monté ce système, quand on sait qu’ils tirent l’essentiel de leur argent en pompant le sang de ceux qu’ils sont supposés défendre ?
® CharlElie
Juin 2016