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Confesse Book

131 – Sortie d’album

On me reproche ma pudeur : – Ben quoi ? Tu n’as pas mis plus d’info que ça sur ta page Facebook ? Comme si le fait de ne pas le faire était désormais une faute professionnelle.

C’est vrai que c’est aujourd’hui le grand jour, celui de la sortie de l’album « LAFAYETTE » pour lequel mes énergies musicales sont restées concentrées depuis Juin dernier. Bien sûr qu’il me tient à cœur ce disque ! Bien sûr que je suis fier du résultat accompli en Louisiane avec Karim et tous les musiciens (de même j’avoue que j’assume la paternité des choses dont je suis l’auteur et qui ont été rendues publiques). Bien sûr, je serais ravi que cet album me permette de renouer la cordelette qui me relie au grand public, mais que les années ont un peu desserrée. Mais, je ne sais pas, j’ai aussi toujours l’impression que, quand on parle de soi, en faire un peu, c’est déjà en faire trop ! Quand les bateleurs font leur show, quand les présentateurs, quand les journalistes ou les critiques le font, je trouve cela normal, c’est leur boulot, mais quand on doit le faire pour soi-même, je crains que ça vulgarise le propos comme faire de la retape sur le trottoir des médias, genre « hé ! T’as vu mon disque, mon livre, mon spectacle, mon tableau? T’as vu comme il est beau…! »

L’auto-promo a quelque chose d’un peu désespéré, mais c’est vrai, des millions de choses sont fabriquées chaque jour, et celles que les gens retiendront éventuellement, ne seront pas les meilleures, mais celles qui auront le plus d’exposition, et celles qui sauront manipuler au mieux les superlatifs.

On est obligé au superlatif. Il y a peu de place pour la finesse. On en fait des tonnes même si souvent ça n’en vaut même pas une cuillère.

La télé et l’hyper communication sociale numérique, nous ont habitué à ces relances répétées, exagérées, fluo, colorées, éclairées et pacotilles. C’est pas de l’info, c’est « la promo ». Pro-mots, pro-moi, pro-toi, pro-meuh, pro-mise, pro-mâle, pro-maux, pro-bien, c’est un « pro-mal » nécessaire, comme se lever pour inviter une fille à danser. Ceux qui ne se lèvent pas ne danseront pas.

Oh, oui, certains savent se vendre, eux qui se présentent avec une apparente désinvolture et utilisent les arguments de la séduction ou de l’humour forcé pour convaincre les téléspectateurs fatigués. D’autres n’ont pas ce talent dans la légèreté, et leur maladresse ou l’évidence de leur autosatisfaction est juste grotesque. Pourtant dans tous les cas il faut y passer. Pour exister on n’a souvent pas d’autre choix que de parler de soi.

 

L’importance d’une œuvre, c’est la trace qu’elle laisse. On appelle ça : « the tail of a comet ». On ne voit pas la comète mais la ligne blanche derrière-elle.

Le bouche-à-oreille, y a que ça de vrai.

Recevoir des messages enthousiastes comme ceux qui me sont adressés aujourd’hui par ceux qui ont écouté le disque, bien sûr que ça me réjouit… parce que j’ai l’espoir que les gens vont en parler, comme hier soir. J’étais accoudé au bar du bistrot Mazarin, à Paris, parlant peinture en buvant des coups avec mon ami Laurent et d’autres personnes, dans l’essence même de ce qu’est le Paris des Arts, quand soudain je reconnais ma chanson « Un jour les anges » diffusée dans le programme de musique enregistrée diffusé dans les petites enceintes qui animaient le lieu. J’ai hésité un peu attendu, un peu pantois :

– Qu’est ce qui t’arrive ? Ça va pas ?

C’était le solo de trompette, et un peu gêné, je me tourné vers mes compagnons en disant :

– Eh les mecs, eh, c’est ma chanson…!

Ça faisait longtemps que ça ne m’était pas arrivé.

Comme un bon présage.

La patronne a monté le son, et on a trinqué pour fêter ça!

 

® CharlElie – Avril 20XVI