Et puis David Bowie… Oh mince ! Non, pas Bowie! C’est tout un pan de la banquise rock qui s’effondre dans l’océan. On les croyait invincibles – je n’ose pas dire « immortels » parce que le mot m’avait été inspiré par le décès de Lou Reed et pourtant… Toute la journée, mes pensées perdues sont allées vers Bowie, vers la fameuse précarité de l’existence. – Et qu’en sera-t il le jour où j’apprendrai que Bob Dylan… ? Oh, mon dieu, non !-
Aujourd’hui donc David Bowie disparaît… Comme une autre statue de l’île de Pâques qui s’enfonce dans le sable.
Lire sa biographie, – plutôt bien faite d’ailleurs- sur Wikipédia. Au fond je ne savais pas grand chose de lui. Je le trouvais élégant mais aussi un peu froid. De la pudeur certes, un mélange de mégalo et de timidité qui donne aux extra terrestres des allures un peu snob. Eux qui ne se veulent pas humains. Il avait le style détaché des mannequins dandies. Insaisissable, comme s’il vivait dans une cage de verre, derrière une paroi invisible qui le protégeait du reste du monde.
J‘ai parfois adhéré à ses expérimentations musicales, parfois moins. Je trouvais sa musique un peu complexe, (ce que j’ai aussi regretté quelques années plus tard en écoutant l’autre glam rocker héritier Marylin Manson). J’avoue que je suis spontanément plus attiré par la beauté des choses brutes, plutôt que par la sophistication et le maniérisme, mais je reconnais que David Bowie avait osé affronter avec une merveilleuse arrogance provocatrice, les tabous du genre humain. Ou bien était-ce pour provoquer les démons de sa schizophrénie ?
J’ai aimé certaines chansons, mais je préférais encore ses provocations mutantes, et ses changements de maquillages, tel un caméléon tentant d’influencer le décor.
Inspiré par Andy Warhol peut être, très vite il avait compris l’importance de l’image dans la carrière d’un chanteur. Il était beau et c’était un plaisir de le voir apparaître, mais au lieu de se soumettre aux lois de la séduction classique, il avait osé défier les conventions.
De plus il avait ce quelque chose de l’humour typically British qui faisait que les pires outrances excentriques extravagantes devenaient des défis au « bon goût », des remises en cause d’idées reçues, (qui firent ensuite autant Boy George que Lady Gaga).
J’avais pour lui le respect qu’on a pour les artistes qui se mettent en péril, ceux que la passion entraîne loin des pistes tracées par les oracles du marketing. Mais à force de suivre sa ligne (de cocaïne) et de risquer sa vie sur des pentes abruptes de la Liberté, il arrive aussi qu’on se retrouve précipité parfois dans le vide… Mais comme rien n’est jamais fini, éventuellement on se relève, et à nouveau on repart à l’assaut de la montagne, parce que la liberté est une force qui vous galvanise quand vous êtes un homme d’attitude, autant que d’altitude.
Qu’il fasse partie du « Hall of fame » ne faisait aucun doute. Bowie était simplement indiscutable. Venu de l’espace avec Ziggy, David Bowie avait atteint un statut de star, clairement une étoile. Un repère pour les navigateurs. Quelqu’un qu’on n’a même pas besoin d’aimer pour qu’il fasse partie de vous. C‘était une icône, une égérie, un fantasme façon Marlène Dietrich, restée présente alors qu’on ne la voyait plus. Même absent il était là.
Sauf qu’aujourd’hui il n’est plus là,
Et c’est dur à admettre.
CharlElie
Jan 20XVI